Pouvez-vous vous présenter ainsi que votre parcours ?
Je suis juriste de formation universitaire. J’ai commencé comme rédactrice juridique et j’ai très vite gravi les échelons : chef du service juridique, directeur juridique, secrétaire générale adjointe et enfin directrice des risques. J’ai beaucoup bougé, changé de Groupe et de secteur. L’alcoolisme ne m’a pas empêché de faire une belle carrière, par contre mon addiction est montée crescendo avec mes responsabilités professionnelles. J’étais très angoissée, je voulais réussir, j’ai sans doute mis la barre trop haute. En 2009, en plein colloque d’entreprise, je me suis effondrée ivre et j’ai perdu mon travail.
Aujourd’hui je partage mon expérience pour aider les gens qui souffrent de cette maladie très méconnue de l’alcoolisme. C’est une maladie qui gêne, comme beaucoup d’addictions, et je suis une des premières à avoir brisé le tabou en 2014 en montrant mon visage à la télévision dans le portrait de Sept à Huit sur TF1. Je me souviens de la dernière phrase que j’ai prononcé lors de cet entretien “Je n’ai plus honte de ce que j’étais et encore moins de ce que je vais devenir.” Je ne me doutais pas qu’en 2021 je serai encore en train d’accorder des interviews pour expliquer ce qu’est la maladie et qu’on peut s’en sortir. A l’aube de mes 60 ans, c’est une formidable fin de carrière : je suis en train d’écrire mon quatrième livre, j’ai contribué à la création de France Janvier Sobre et je suis marraine et bénévole pour Déclic Addictions. Mon quotidien c’est d’aider les gens et c’est une carrière qui me ressemble. J’ai beaucoup de retours de personnes qui me disent “Madame c’est grâce à vous que je m’en suis sorti” et c’est la plus belle des motivations.