Photo de Max Lanfrey coach sportif lors d'une séance d'entrainement
Reconversion professionnelle

Max Lanfrey, cadre devenu coach sportif : “Je n’imaginais pas faire ce métier !”

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Après un Master à Paris, et plusieurs années en tant que chef de projets dans des collectivités territoriales, Max Lanfrey décide de tout plaquer... pour devenir coach sportif. Comme de plus en plus de personnes en reconversion, il a choisi de se tourner vers un "métier plus humain". Pas toujours facile, surtout en période de crise sanitaire, mais il reste positif et nous raconte son expérience.
Photo Max Lanfrey coach sportif lors d'un exercice de musculation

Peux-tu te présenter ?

Je partage mon temps entre deux activités : 50% coach sportif et 50% formateur, ce qui fait dans tous les cas 100% de transmission ! Transmettre c’est ce que je préfère. D’un côté, j’accompagne mes clients vers une prise de conscience de leur corps et vers le bien-être, quels que soient leurs objectifs. Je m’occupe principalement de particuliers lors de séance individuelles, en duo ou, plus rarement, en groupes.

De l’autre je forme les futurs coachs sportifs, dans une école de sport, à différentes disciplines (anatomie appliquée, gestion de projet, sport bien sûr, etc.) Un exercice que j’ai découvert sur le tas !

Depuis combien de temps fais-tu ce métier ?

Cela fait maintenant 3 ans que j’ai validé mon diplôme (BPJEPS) m’offrant le sésame pour concrétiser ma reconversion. J’ai ainsi pu travailler au sein d’une salle de sport en tant que salarié pour finalement, fin 2019, franchir le pas de l’auto-entreprenariat.

Avant d’arriver à Lyon, tu avais un bon poste à Paris, que tu as quitté pour devenir coach sportif… Pourquoi ?

Pour faire simple, mon parcours n’a que peu été planifié et a davantage évolué au cours d’opportunités diverses. Je suis passé de la Sociologie à l’Aménagement du territoire, puis au transport jusqu’à un Master dans ce domaine. J’ai pu travailler durant quelques années dans des collectivités territoriales franciliennes pour finalement avoir une expérience chez un exploitant privé. Une prise de conscience progressive s’est faite ; un burn-out ? Non ! Loin de là ! Une simple envie d’autre chose, d’un métier plus humain, moins soumis à des paramètres politiques, à des tâches administratives et de bureau !

Ce n’est qu’après une période de 2 ans de chômage plus ou moins assumé, ponctuée d’entretiens d’embauches où je n’arrivais plus à me reconnaître dans le poste, que j’ai choisi de changer d’environnement : j’ai déménagé à Lyon, sans même savoir quoi y faire ! C’est finalement en m’inscrivant dans une salle de sport que j’ai découvert le métier de coach sportif. Ce métier, moins payé certes, mais qui permettait d’allier mon vif intérêt pour le sport que j’ai toujours pratiqué, et mes désirs d’un travail humain, au service de l’autre, au service de la transmission !

Qu’est-ce qui t’a poussé à te reconvertir ?

L’envie ! Une envie d’autre chose tout simplement. Sans vraiment identifier quoi. Comme le collégien devant une conseillère d’orientation ignore ce dont il a envie, mais qui sait surtout ce qu’il ne veut pas ! Je savais que cela ne me convenait plus ; j’aspirais à un métier plus orienté vers l’autre, où la relation humaine était privilégiée. Mais il y a 4 ans, je ne me doutais pas une seule seconde que je ferai ce métier aujourd’hui !

Comment s’est passé ta reconversion ?

Je pense que c’est la remise en question qui a rythmé cette année de transition. Le plus évident, c’est que financièrement ça n’a pas été simple. Plus de revenus exceptée une gratification de stagiaire, un diplôme coûtant presque 6000 euros, et un loyer à payer… il reste peu pour vivre ! Sans aide extérieure malgré mes demandes à Pôle Emploi, j’ai du puiser dans mes économies.

Ensuite, c’est que physiquement ça a été dur ; j’ai toujours fait du sport mais jamais des sports de « force » ; j’avais un an pour maîtriser des mouvements avec des charges notables en partant de rien. L’enjeu était purement et simplement mon choix de reconversion. Mon corps a lâché en milieu d’année, j’ai eu des blessures, ça a été un coup dur mais j’ai su rebondir et passer outre !

Retourner sur les bancs d’une école était également une autre épreuve ! Se retrouver au milieu d’étudiants beaucoup plus jeunes, dont l’implication n’était pas forcément très forte… J’ai heureusement su me rapprocher des bonnes personnes et garder en tête mon diplôme en me servant de mon expérience professionnelle que les autres n’avaient pas. En synthèse, une année où je n’ai pas été serein mais où j’ai pu exploiter ma motivation à changer de vie pour travailler, m’entraîner, et faire reconnaître mes compétences naissantes.

La crise sanitaire a ralenti voire arrêté beaucoup d’activités, comment as-tu géré cette situation ?

Coach sportif en 2020, ce n’était effectivement pas chose facile. Surtout lorsque l’on décide de quitter un CDI et s’investir à 200% dans l’autoentreprise en mars 2020, juste au moment du premier confinement. Un coup dur au moral ! Ce confinement a été rude alors même que je gagnais mes deux premiers clients. Fort heureusement, j’ai pu commencer ma seconde activité de formateur grâce à laquelle je pouvais gagner un petit peu d’argent, de quoi payer un loyer. Cette activité s’est finalement développée par la suite me permettant de vivre la fin d’année sereinement. Sans cela, je pense que cela aurait été dur, très dur de s’en sortir et de s’accrocher à mon nouveau choix de vie !

Quels conseils donnerais-tu à une personne qui hésite à lancer son activité, qui a une « bonne situation » et qui a peur de l’inconnu par exemple ?

Plutôt fonceur par nature, je n’ai pas été très prudent en me lançant presque à l’aveugle et en me laissant guider par mon envie. Pour autant, aucun regret ! Je fais le métier qui me passionne, les clients sont ravis, je le suis tout autant. Je me dégage une rémunération suffisante, et j’ai même rencontré ma femme grâce à tout cela ! J’ai su me servir de mon expérience passée pour évoluer plus vite !
Toutefois, je conseillerais à tout le monde de faire le point sur sa situation avant de se lancer dans une reconversion qui peut être coûteuse tant émotionnellement que financièrement.
« Ma situation est-elle stable ? Ma capacité financière ? Des projets personnels ? Ma situation de famille ? Suis-je entouré ? Ma santé ? Quelle roue de secours ? Quelle est réellement mon envie ? »
Je conseillerais de discuter sérieusement avec des personnes qui font le métier que vous visez, de faire le point sur les aides possibles lorsqu’elles existent (Pôle Emploi, Région, etc) !
Être prudent ce n’est pas renoncer à son envie ! Cherchez les opportunités, planifiez une stratégie, entourez-vous ! Et n’oubliez pas qu’il n’y a pas de meilleure récompense que de faire de sa passion un métier !