Qualité de vie au Travail

Sieste au bureau : pourquoi ne pas céder ?

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Bien que pratiquée depuis des années dans certains pays, la sieste au bureau reste en France un sujet tabou. Et si de rares personnes l’ont adoptée, la plupart n’ose même pas l’envisager.

Sieste au bureau : des bénéfices indéniables

Que celui qui n’a jamais ressenti de petit (ou gros) coup de pompe au bureau me jette la première pierre ! Et si cela survient souvent après le déjeuner, ce n’est pas forcément du fait d’un repas trop gras ou trop copieux. Selon diverses études, plus de 80% des salariés déclarent en effet manquer de sommeil.

Que faire quand cela arrive ? Plutôt que de voir votre nez fleurter avec les touches de votre clavier, offrez-vous une petite sieste pour recharger les batteries, au calme dans un endroit tranquille. Cette petite pause vous épargnera cette période courte (mais qui paraît infiniment longue) durant laquelle vous n’êtes pas vraiment à votre travail, et vous ne pouvez pas vous reposer non plus.

En réalité, la sieste doit être perçu comme un investissement, un outil capable de réduire le stress, d’améliorer les capacités psychomotrices et cognitives. Et selon une étude réalisée par la Nasa, une sieste de 20 minutes augmenterait de 35% la productivité d’un salarié. Au-delà de ces 20 minutes en revanche, les scientifiques s’accordent à dire que le réveil est plus difficile, et le temps de remise au travail plus long.

Et en plus d’améliorer la productivité, disposer d’un endroit pour s’isoler doit également permettre de gagner en créativitéL’open space n’est pas vraiment connu pour faciliter la concentration…

 

 Un p’tit somme et on compte les points

Alors pourquoi la sieste n’est-elle pas plus répandue dans nos entreprises ? A l’occasion de la journée du sommeil 2016, une petite vidéo illustrant les bienfaits du petit somme devait populariser cette pratique. Pourtant, dans la grande majorité des cas, ce moment dédié à la récupération se transforme en véritable exercice de clandestinité, qu’il s’agisse de s’isoler dans les toilettes, ou de feindre un moment de réflexion intense pour céder à cette irrépressible force qui agit sur les paupières.

D’où vient ce tabou ? De la peur d’être jugé et mis au rang de ceux qui ne se prêtent pas à l’effort collectif. La sieste est probablement encore moins bien perçue qu’un départ à 17h, alors que tout le monde est encore à son bureau. Vision ancestrale de la productivité…

 

Reload ou power nap plutôt que sieste

Résumons. La sieste est excellente pour la productivité, mais elle reste perçue comme une faiblesse à dissimuler. Ou comment gâcher un puissant outil. Pour en profiter, il faut changer la façon dont la sieste est perçue. La pédagogie est envisageable, mais c’est un travail long et délicat. L’autre option consiste à utiliser les armes de l’entreprise. Autrement dit, ces fameux termes anglo-saxons et autres néologismes qui fusent à travers les open-spaces et les salles de réunion.

Dans le pays de l’oncle Sam, la sieste se dit power nap. D’autres fois, c’est le terme reload qui est employé. A chaque fois, c’est le thématique de la recharge pour repartir de l’avant qui est employée. Ce qui est sans nul doute plus vendeur que le terme de sieste, associé à un état de léthargie avancée qui rapproche plus l’employé d’un paresseux (l’animal) que d’une pile électrique.

Changer de mot pour changer les esprits ? Cela ne suffira sans doute pas. L’évolution passera plutôt par les responsables RHque par un vocabulaire marketing.

 

Un argument de poids pour les RH

D’autant que du côté des entreprises, on s’interroge. La montée en puissance des bars à sieste, une tendance venue du Japon, met le phénomène sur le devant de la scène. Ces nouveaux temples de la zénitude permettent de dormir, et surtout de ne rien faire, en se déconnectant notamment des écrans. Un enjeu d’importance alors que de plus en plus de gens remplissent le moindre temps mort en pianotant frénétiquement sur leurs smartphones. Il est devenu urgent de se désintoxiquer des smartphones, tablettes et autres écrans du genre pour redonner du temps à la rêverie. Un processus connu désormais sous le nom (anglais, vous l’aurez deviné) de digital detox.

D’autre part, la génération des Millenials accorde une importance croissante à la qualité de vie au bureau. Pour recruter et fidéliserles plus jeunes, les entreprises rivalisent de services : babyfoot, table de ping-pong, salle de sport, douches… La salle de sieste, dans ce cadre, peut être considérée comme la preuve de la modernité d’une entreprise. Et un outil de plus pour favoriser le sentiment d’appartenance à l’entreprise.