Photo de Marlène de Duffeleer interviewée dans cet article
Qualité de vie au Travail

Semaine de quatre jours : les premières entreprises satisfaites !

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La semaine de 4 jours est une forme d’organisation qui consiste à avoir une semaine standard de travail de 4 jours au lieu de 5, tout en conservant le même salaire. L’entreprise choisit alors si elle souhaite réduire ou non le nombre d'heures travaillées ou augmenter l’amplitude horaire journalière. Marlène DE DUFFELEER, assistante RH en alternance au sein d’une ONG Internationale depuis trois ans, a choisi de réaliser son mémoire sur cette thématique récente et répond à nos questions.

Pourquoi avez-vous choisi de réaliser une étude sur la semaine de 4 jours ?

Afin de valider ma dernière année de Master en Ressources Humaines, j’avais pour obligation de rendre un mémoire de recherche sur un sujet qui m’intéresse, en rapport avec le domaine des RH. Le choix du thème de ce mémoire s’est fait assez rapidement, puisqu’il était important pour moi d’écrire sur un sujet n’ayant pas déjà été traité un nombre de fois incalculable. De plus, la semaine des 4 jours commence doucement à sortir de l’ombre, je me suis donc dit que cela pouvait être un sujet très intéressant à traiter !

Est-ce un phénomène nouveau ?

Oui, clairement. La semaine de 4 jours est un peu une révolution dans le monde du travail actuel. Même si ce dernier a subi beaucoup d’évolution depuis ces dernières années, il s’est quand même stabilisé avec le passage des 35 heures. Cela vient donc questionner le mode de travail que peut avoir l’ensemble des actifs aujourd’hui.

Est-ce que beaucoup d’entreprises ont choisi la semaine de 4 jours ?

Oui et non, beaucoup d’entreprises s’interrogent en tout cas. Certaines, notamment dans les pays nordiques, en Espagne ou au Royaume-Unis ont déjà sauté le pas. En revanche, en France, cela arrive mais beaucoup moins rapidement.

Quels avantages tirent les entreprises à proposer cette solution à leurs collaborateurs ?

Lors de l’écriture de mon mémoire, j’ai eu la chance d’échanger avec des dirigeants ayant déjà mis en place la semaine de 4 jours. Leur retour d’expérience est vraiment très parlant et tous s’accordent sur le fait que la mise en place de ce mode de fonctionnement au sein de leur entreprise leur a clairement apporté une hausse de leur productivité. Mais aussi une amélioration au niveau de leur marque employeur : l’image d’une entreprise prenant en compte les besoins et le bien-être de ses collaborateurs et qui sait s’adapter aux changements.

Quel est l’impact sur les collaborateurs ?

L’impact de la semaine de 4 jours sur les collaborateurs est très positif même si la mise en place peut faire peur (risque d’une désorganisation, le fait de devoir adapter son mode de travail à ce nouveau rythme, etc.). Cependant, beaucoup d’entre eux ont facilement réussi à s’adapter rapidement à ce changement et s’y plaisent pleinement. Cela apporte du temps libre pour vaquer à des projets personnels, passer du temps en famille, se former… C’est clairement un plus qu’ils ne veulent pas perdre !

Je dirais même, selon les retours que j’ai pu avoir, que cela est un élément de motivation crucial. Les collaborateurs ont plus de temps pour se consacrer à leur vie personnelle et à avoir une meilleure balance entre leur vie professionnelle et leur vie personnelle, leur permettant ainsi de trouver le juste équilibre. Ils reviennent donc au bureau totalement reposés et pleinement investis.

Quels sont les chiffres marquants de votre étude ?

Lors d’un échange avec l’un des responsables de l’entreprise LDLC, celui-ci a indiqué que 97% de ses collaborateurs étaient satisfaits de la semaine de 4 jours et qu’aucun d’entre eux ne retournerait à l’ancien rythme de travail ! De même, ils ont récemment publié sur leur LinkedIn l’évolution du taux de Turn-Over depuis la mise en place de la semaine de 4 jours à 32 heures dans leur société… Les résultats parlent d’eux même ! Ce taux passe de 10,4% en 2019 à 2,3% en 2021.

Quels témoignages vous ont marquée ?

Deux témoignages en particulier m’ont marquée. Celui d’un des fondateurs de la société LDLC et celui du fondateur d’une entreprise Québécoise, Akufen.

Principalement par la façon dont ils ont pris à cœur les besoins de leurs collaborateurs. C’était l’élément premier de leur motivation à réaliser ce changement. C’est important de voir que des dirigeants, de grands groupes, comme de plus petits, restent à l’écoute et se sentent pleinement concernés par le bien-être des personnes qui font tourner leur société.

C’est aussi très motivant en tant que jeune active de voir que ma santé mentale et physique sera prise en compte et que cet élément essentiel n’est pas oublié.

Pensez-vous que cette pratique va se développer dans les années à venir ?

Oui totalement. Après la crise du Covid nous avons vu de nouvelles manières de travailler, notamment avec le télétravail, qui reste une pratique souhaitée par beaucoup de collaborateurs aujourd’hui. Les entreprises ont, pour la plupart, réussi à s’adapter à ce changement, ce qui prouve bien qu’il est possible de mettre en place d’autres façons de travailler.

La mise en place des 4 jours peut faire peur, puisqu’elle vient souvent avec la question d’une réduction du temps de travail à 32 heures (notamment pour éviter la surcharge de travail et les effets inverses des 4 jours sur les collaborateurs) et que cela implique une réorganisation totale du mode de fonctionnement au sein d’une entreprise. Cependant, ce n’est pas impossible puisque certaines entreprises le font et d’autres s’y prêteront à coup sûr en constatant les bénéfices des avant-gardistes !