Qualité de vie au Travail

Comment le droit à la déconnexion peut-il booster votre entreprise ?

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Alors que 37% des actifs utilisent leurs outils numériques professionnels en dehors de leurs heures de bureau, le droit à la déconnexion est un sujet brûlant. A tel point qu’il a été intégré à la nouvelle loi travail. Pourquoi se déconnecter ? En quoi est-ce un réel gain pour les employeurs et les salariés ? Comment se déconnecter intelligemment ? L’Elan des Talents fait le point.

Les limites du numérique en entreprise : l’illusion de la productivité

Le travailleur hyper-connecté n’est pas un travailleur hyper-productif.

On a longtemps cru qu’en les équipant de smartphones et autres ordinateurs portables, leur capacité de travail et leurs performances augmenteraient. Ce n’est vrai qu’en partie, et le monde du travail commence heureusement à en prendre conscience. Les outils numériques sont un réel progrès, dans le sens ou ils offrent mobilité aux travailleurs. Mais chaque médaille a son revers, et plus de souplesse peut aussi signifier plus de pression temporelle.

On peut travailler partout, tout le temps. Il n’y a plus de vacances, de RTT ou de weekend qui tiennent. Les frontières entre la vie professionnelle et la vie personnelle deviennent de plus en plus ténues.

Sophie, attachée de presse dans une agence de communication confie :

« Au début, j’étais ravie que mon manager me fournisse un ordinateur portable et un téléphone professionnel. J’avais moins l’impression de perdre du temps lors de mes très nombreux voyages en train. Et je pouvais réagir très rapidement, même en dehors de mes heures de travail, en cas de pépin. Mais petit à petit, je me suis rendu compte que j’avais de plus en plus de mal à couper. Mes clients se sont habitués à ce que je sois disponible sept jours sur sept. J’avais l’impression de ne faire que travailler, mais qu’en même temps, aucun de mes dossiers n’avançait, parce qu’on m’en demandait toujours plus. J’étais comme noyée. »

Être trop connecté est contreproductif, et pour le travailleur sur sollicité, c’est souvent le burn-out.

Droit à la déconnexion : oui, mais intelligemment !

Qu’est-ce qui conduit certains managers à pousser leur équipe et eux même parfois jusqu’au burn-out ? Une certaine idéologie managériale, qui veut que le manager soit impliqué, jusqu’au fond de son lit. Comment sortir de cette philosophie finalement si coûteuse pour l’entreprise ? En posant un cadre légal, celui du droit à la déconnexion, la nouvelle loi travail donne quelques pistes. Mais cela risque de ne pas suffire, et d’être vécu comme une contrainte par beaucoup de cadres. Certaines entreprises, comme La Poste par exemple, ont intégré le droit à la déconnexion dans un accord social national dès 2015 : un temps de déconnexion de référence a été défini entre 20h et 7h30 ainsi que le weekend.

« C’est tout simple mais c’est essentiel affirme Sylvie François, DRH du groupe. On n’envoie pas de mail à un autre postier en-dehors de ses horaires, sauf urgence. Un grave problème dans un bureau de poste, c’est une urgence. Un reporting à faire, une demande de complément sur une note, ce n’est pas une urgence. »

L’accord collectif ou la charte unilatérale sont des outils essentiels pour instaurer le droit à la déconnexion. Mais pour faire face à l’auto pression que peuvent se mettre certains collaborateurs ou pour se débarrasser des mauvaises habitudes, il est essentiel d’accompagner la démarche.

Proposer des formations à l’utilisation des outils numériques professionnels, sensibiliser les collaborateurs aux risques psycho-sociaux, insister sur les bénéfices de la qualité de vie au travail, mettre en place des outils qui limitent l’envoi des mails, faire évoluer les pratiques managériales : c’est un véritable travail de fond qu’il faut entamer. L’objectif est de changer les mentalités en profondeur et durablement. Travailler le weekend et en dehors des heures de travail n’est bon pour personne, et surtout pas pour l’entreprise !

La vie après le travail est essentielle pour recharger les batteries et évacuer le stress. Parce qu’en définitive, un travailleur qui se sait libre de se déconnecter est un travailleur disponible et serein. C’est très certainement la clé de la productivité !