Qualité de vie au Travail

Chaleur et canicule : température maximale au travail et obligations de l’employeur

Alors que la fréquence et l'intensité des canicules vont augmenter durant les prochaines années, quelles sont les obligations de l’employeur en cas de forte chaleur ? Y-a-t-il une température maximale pour travailler dans un bureau ? Le point sur les textes de loi et recommandations.

Les épisodes de canicule vont se multiplier dans les années à venir, les scientifiques et météorologistes sont fermes sur ce point. Comment concilier bien-être au travail et chaleur ? Toutes les entreprises ne sont pas forcément équipées en système de climatisation ou situées au sein de bâtiments bien isolés thermiquement. De plus, bon nombre de métiers s’exercent en extérieur, en première ligne face aux vagues de chaleur.

Sommaire :

Chaleur : quelle température maximale dans un bureau ?

En France, le Code du travail ne fixe pas de température maximale pour travailler dans un bureau ou à l’extérieur. Toutefois, l’INRS (Institut National de Recherche et de Sécurité) recommande de prendre des mesures de protection lorsque la température dépasse :

  • 30°C pour une activité sédentaire ;
  • et 28°C pour une activité physique.

« La chaleur peut constituer un risque significatif pour la santé des salariés », explique Albane Guichon, infirmière Santé au travail au sein du Groupe APICIL. « L’INRS considère ainsi que le travail par fortes chaleurs et notamment au-dessus de 33°C présente des dangers ».

Droit de retrait : un salarié peut-il refuser de travailler s’il fait trop chaud ?

La loi ne prévoit pas de disposition spécifique permettant aux salariés de ne pas venir travailler en cas de fortes chaleurs. Cependant, l’article L4131-1 précise qu’un travailleur peut alerter son employeur s’il pense que son activité « présente un danger grave et imminent pour sa vie ou sa santé ». Dans un tel cas, le salarié peut ainsi faire usage de son droit de retrait.

Ce droit est alors évalué au cas par cas par un juge. Le droit de retrait peut être autorisé dans des situations telles que :

  • bureaux non climatisés avec une température supérieure à 30°C ;
  • bureaux avec une climatisation en panne ;
  • absence de points d’eau rafraîchissants pour les travailleurs en extérieur.

À noter : si le salarié travaille dans des locaux climatisés, celui-ci ne peut pas justifier son droit de retrait.

Quelles sont les obligations de l’employeur en cas de canicule ?

L’employeur est tenu par une obligation de sécurité et doit mettre en place des mesures pour protéger ses salariés contre les risques liés aux ambiances thermiques.

Ces mesures incluent :

  • l’intégration au Document Unique d’Évaluation des Risques Professionnels (DUERP) des risques liés à la chaleur ;
  • la mise à disposition gratuite d’une quantité suffisante d’eau fraîche à proximité du lieu de travail des salariés. Un article du Code du travail (R4534-143) précise que, pour les travailleurs du secteur du BTP, l’employeur doit mettre à disposition de l’eau potable et fraîche (au moins 3 litres par jour et par salarié) ;
  • la mise en place d’une ventilation correcte des locaux de travail conforme à la réglementation. Dans les locaux fermés, le Code du Travail impose ainsi à l’employeur de « veiller au renouvellement régulier de l’air et éviter les élévations exagérées de température » (article R.4222-1) ;
  • la distribution de moyens de protection contre les fortes chaleurs et/ou des dispositifs de rafraîchissement.

Plan canicule et réorganisation du travail

Selon les recommandations du plan canicule, activé par le préfet de département, l’employeur doit également réévaluer quotidiennement les risques et ajuster l’organisation du travail en conséquence. Les mesures peuvent inclure :

  • un aménagement des horaires de travail, par exemple en débutant plus tôt le matin ;
  • le recours au télétravail lorsque cela est possible ;
  • l’organisation de pauses supplémentaires et/ou plus longues aux heures les plus chaudes de la journée, idéalement dans une salle plus fraîche​.

Les conventions collectives peuvent détailler également les conditions de travail (horaires adaptés en cas de chaleur, tenues exigées, etc.).

Qu’est-ce qu’une canicule ?

Pour rappel, on parle de canicule lorsque ces quatre caractéristiques sont réunies :

  • une période de forte chaleur ;
  • avec des températures supérieures de 5°C par rapport aux normales de saison ;
  • le jour et la nuit ;
  • pendant trois jours consécutifs.

Travail de bureau : quelle température idéale ?

L’INRS recommande, pour un travail sédentaire (en bureau), les températures suivantes :

  • entre 21 et 23°C en hiver (à noter que dans le cadre du plan de sobriété énergétique, le gouvernement préconise une température de 19 degrés environ)
  • une température de 26°C environ en été.

En été, il n’est pas rare à l’inverse de voir des entreprises insister un peu trop sur la climatisation. Au point pour les salariés d’avoir même froid à l’intérieur des locaux, alors que le thermomètre dépasse les 30°C . « Le contraste chaud-froid n’est pas bon non plus pour les travailleurs », explique Albane Guichon, infirmière Santé au travail. « Cela fatigue le corps et peut générer des maladies (telles que des trachéites, par exemple). Il faut donc limiter la différence de températures entre l’intérieur et l’extérieur ».

Et qui dit coup de chaud dit également baisse d’efficacité ! À l’employeur donc de s’assurer que les conditions de travail restent correctes et supportables.

Coup de chaleur au travail : quels symptômes et comment réagir ?

Le coup de chaleur intervient après une longue exposition à une forte chaleur. Les signaux d’alertes peuvent être les suivants :

  • fièvre (température supérieure à 38°C), pouls et respiration rapides ;
  • peau sèche, rouge et chaude ;
  • maux de tête ;
  • fatigue, faiblesse, crampes musculaires, chute importante de la tension artérielle ;
  • confusion, comportement étrange, propos incohérents, délire, voire convulsions ;
  • nausées (voire vomissements), vertiges ;
  • soif intense ;
  • sudation abondante ;
  • perte de connaissance éventuelle.

Le coup de chaleur est une urgence médicale et nécessite d’appeler les urgences :

  • le 15 pour le SAMU / le 114 pour les urgences (nationales gratuites) au service des personnes ayant des difficultés à parler ou entendre ;
  • ou le 112 (numéro d’appel européen des services de secours).

Si la victime est consciente, déplacez-la à l’ombre ou dans un endroit frais, enlevez ses vêtements, donnez-lui à boire de l’eau et rafraichissez-la avec du linge humide ou de l’eau.

Téléchargez l’infographie de l’INRS “Coup de chaleur au travail” (PDF – 3,3 Mo)

Pour en savoir plus

Les dossiers de l’INRS :

Le dossier du ministère du Travail, du plein emploi et de l’insertion :