Pouvez-vous nous donner quelques chiffres sur le télétravail en général et pendant le confinement ?
Avant le premier confinement le recours au télétravail était en France peu pratiqué mais commençait déjà à se démocratiser avec une hausse de 700 000 salariés passés en télétravail de 2018 à 2019.
En 2020, afin de lutter contre la propagation du virus, les salariés ont été invités à rester au maximum chez eux, donc à travailler en distanciel, depuis leur domicile. Pendant le premier confinement, 27% des salariés étaient en télétravail, soit quasiment 1/3 des actifs. Aujourd’hui, un Français sur sept est toujours partiellement ou complètement en télétravail. Ces chiffres paraissent élevés mais en réalité, le télétravail est un mode de travail bien plus répandu, notamment aux Etats-Unis, mais surtout chez nos voisins européens, en Allemagne, au Royaume-Uni ou encore en Suède.
Une étude menée par le réseau Anact-Aract a pu mettre en évidence qu’1/3 des personnes ayant travaillé à distance au cours du premier confinement estime avoir travaillé dans un environnement de travail inadapté. La majorité de ces personnes fait partie d’une population de salariés ne pratiquant pas le télétravail au préalable. Le télétravail est donc une pratique qu’il est important de mettre en place et de préparer avec ses collaborateurs.
D’après cette même étude, 50% des personnes estiment qu’ils ont été plus fatigués et 48% ont eu le sentiment de travailler davantage que d’ordinaire.
Quels sont les principaux risques pour les télétravailleurs (psychologique et santé) ?
Le télétravail n’est évidemment pas sans risques pour la santé physique ou mentale de celui qui le pratique.
En effet, il est nécessaire de connaître ses propres limites pour ne pas frôler la surcharge mentale. Cette dernière peut vite arriver suite à une accumulation de stress, une mauvaise organisation dans son travail, ou un manque de gestion de l’équilibre vie professionnelle/vie privée. Le télétravail immisce le travail dans la sphère personnelle.
Concernant la santé physique, de mauvaises conditions de travail vont générer des contraintes articulaires possiblement sur toutes les parties du corps que ce soit les épaules, les coudes ou encore principalement le dos. Une enquête de Santé Publique France a été réalisée suite au premier confinement et a montré que l’incidence de la lombalgie est d’environ deux fois et demi plus importante chez les collaborateurs placés nouvellement en télétravail.
Tous les télétravailleurs n’ont pas le même espace à consacrer au télétravail dans leur domicile, certains vivent dans des petits appartements, à plusieurs, avec des enfants… Quelles sont selon vous les trois règles d’or à respecter et accessibles à tous ?
Les trois règles d’or à respecter sont les suivantes :
- Adapter et moduler son environnement pour obtenir un espace propice au télétravail.
- S‘octroyer de réelles pauses intellectuelles et physiques au cours de la journée.
- Organiser son temps de télétravail et déconnecter en fin de journée.
Quels équipements conseillez-vous ?
Lorsqu’on se retrouve en télétravail sans y être vraiment préparé, le risque principal est de travailler sur un coin de table de cuisine dans une position qui n’est pas bonne pour son corps.
Le minimum d’équipement à avoir est une table avec une chaise possédant un dossier sur laquelle, une fois assis, il est possible de poser ses pieds au sol. Il est aussi préférable de travailler sur un écran fixe réglable en hauteur et non un écran d’ordinateur portable qui lui est positionné trop bas, cela évite de se retrouver voûté sur sa chaise et ainsi générer des contraintes au niveau du dos.
Quelles postures à son poste de travail ?
La posture au poste de travail est modulable en fonction des caractéristiques physiques de chaque personne mais il existe une posture générique dont les caractéristiques sont les suivantes et sont données par l’INRS.
- Les pieds reposent à plat sur le sol ou sur un repose pieds (ce qui permet de maintenir les pieds au sol lorsque le plan de travail n’est pas réglable en hauteur).
- L’angle du coude est droit ou légèrement obtus.
- Les avant-bras sont proches du corps.
- Les mains sont dans le prolongement des avant-bras.
- Le dos est droit ou légèrement en arrière et soutenu par le dossier de la chaise.
Une fois cette posture générique acquise, il est nécessaire de pouvoir bouger à son aise et ne pas, par exemple, taper dans un mur avec sa chaise si on décide de se reculer un peu.
Concernant l’écran de l’ordinateur, le haut de celui-ci doit se situer au niveau des yeux afin de pouvoir garder le dos droit et ne pas être voûté.
Il faut de manière générale essayer de retrouver les conditions de travail et la posture au poste de travail qu’il est possible d’avoir au bureau dans son entreprise.
D’autres conseils à apporter ?
Le télétravail n’est pas un mode de travail adaptable pour tous les collaborateurs.
Il est important de ne pas cacher un mal-être lorsqu’on n’arrive pas à effectuer son travail de chez soi ou qu’on se sent mal seul chez soi, sans aucun contact avec ses collègues.