Le projet des Petites Cantines est né de la rencontre de ses deux cofondateurs : Diane Dupré Latour et Étienne Thouvenot. Ils avaient pour idée de créer un lieu permettant de se sentir plus facilement relié aux autres (aux habitants de son quartier, aux personnes que l’on pourrait côtoyer au quotidien mais qu’on a pas la chance de rencontrer, etc.) Les Petites Cantines, c’est un réseau de cantines de quartiers où les convives s’accueillent et se rencontrent autour de repas durables, participatifs et à prix libre.
Comment avez-vous rejoint le projet Les Petites Cantines ?
Je travaillais pour la Fondation ARHM qui fait la promotion de la santé mentale. Dans le cadre de mes missions, je me suis rapprochée de projets qui ont du sens pour moi : des lieux dans lesquels il y avait de la vie tout simplement.
Je suis allée pour la première fois à la cantine de Félix Faure et j’y ai rencontré par hasard Etienne Thouvenot, qui ne s’est pas spécialement présenté comme étant le cofondateur. J’ai été reçue par une personne extraordinaire et sympathique et j’ai été vraiment conquise par le projet. J’ai donc candidaté pour rejoindre la Petite Cantine d’Oullins qui allait ouvrir sur le territoire.
Quelles sont vos missions au sein du projet ?
En tant que responsable, j’ai vraiment des missions extrêmement transversales : j’assure le quotidien de la cantine, son développement, la sécurité sanitaire, la qualité relationnelle, l’impact social local, l’approvisionnement, la communication… Je veille à ce que le cadre soit respecté et bienveillant.
C’est quoi l’ADN des Petites Cantines ?
L’ADN des Petites Cantines est défini dans une charte rédigée par l’association. Elle est construite autour de 16 fondamentaux comme le repas partagé, la cuisine participative l’accueil bienveillant, la diversité des convives, le non jugement et le respect de l’alimentation de qualité, la contribution libre, la gouvernance partagée…
Pourquoi travailler pour les Petites Cantines fait sens pour vous ?
L’essence même de mes missions fait sens pour moi. Pour une raison extrêmement simple : je suis entourée de personnes qui ont le sourire. Il suffit d’y aller pour se rendre compte que Les Petites Cantines sont des lieux où les gens sont plein de vie et sont heureux : certains chantent, certains dansent, il y a des discussions et des échanges extrêmement enrichissants. Je me nourris vraiment tous les jours des rencontres que je fais et des sourires que je vois autour de moi et ça me fait vraiment beaucoup de bien.
A quoi ressemble une journée type d’une responsable de cantine ?
La journée type c’est… qu’il n’y a pas de journée type ! Mais généralement, j’arrive à 9h à la cantine et je rejoins les services civiques avec lesquels je travaille. Ce sont des jeunes volontaires qui sont au sein de la cantine pendant une période de 6 à 8 mois selon leurs envies et leurs projets. On réalise tout d’abord l’inventaire des restes de la veille pour déterminer ce qu’on va cuisiner le jour même. On prépare ensuite les produits que nous allons cuisiner : nous sommes un restaurant qui est soumis aux mêmes normes d’hygiène qu’un restaurant conventionnel. Ensuite on se coordonne pour savoir qui va assurer l’atelier de cuisine qui a lieu chaque matin. A 9h30, les convives arrivent et nous accueillons les cuisiniers du jour : une brigade dont on ne connaît pas la composition à l’avance.
Ensuite, à 9h30, on fait un tour de table pour se présenter, s’organiser et rappeler les normes d’hygiène et de respect de la cantine. On passe à l’action à 10h (on cuisine, on prépare la table, on va chercher le pain, on va tracter pour attirer parfois le double de convives !). A 12h30, les convives qui viennent seulement manger nous rejoignent. Tout est servi à prix libre et le repas dure généralement une heure pour que les personnes qui travaillent puissent avoir le temps de prendre un repas complet. Ensuite, on débarrasse, on fait la vaisselle, on remet au propre et puis on se prépare pour la journée suivante ! Je travaille également sur le développement de partenariat et de l’offre entreprise avec certains bénévoles, pour permettre aux entreprises de privatiser la cantine ou organiser des team buildings, le tout en soutenant une chouette association !
Combien de personnes travaillent à La Petite Cantine d’Oullins ?
Je suis la seule salariée et il y a une personne volontaire en service civique. Le travail de cuisine et de service se fait par l’ensemble des convives, des bénévoles.
Quels sont vos projets pour 2023 ?
Les priorités sont de continuer à mener nos activités quotidiennes, de nous stabiliser, d’avoir toujours l’effectif nécessaire et d’avoir de plus en plus de convives et de forces vives (les cantines reposent énormément sur les bénévoles !). Et évidemment, de continuer à offrir des solutions contre l’isolement et les préjugés !
J’aimerais également développer plus d’actions événementielles. Nous avons par exemple organisé dernièrement une “Disco soupe” : on a conçu et partagé une soupe anti-gaspi de produits invendus de notre productrice de proximité Mme Pellet, La Vie Claire Oullins et BioCoop Oullins sur fond de musique disco ! Ce type d’évènements attire de nouveaux convives et mobilise encore plus les adhérents !
Les Petites Cantines de manière générale vont continuer à se développer avec des ouvertures qui vont marquer l’année 2023 comme le Vieux Lyon et Mâcon !
Comment mesurez-vous l’impact de vos actions ?
Il y a d’abord le réseau national des Petites Cantines qui développe des outils permettant d’avoir des indicateurs extrêmement puissants à l’échelle nationale pour mesurer notre impact. Il y a d’ailleurs des travaux de recherche en cours sur le sujet. A Oullins, plus spécifiquement, on a des indicateurs comme le prix libre versé pour un repas et les informations collectées au moment de l’adhésion des membres (âge, sexe, lieu d’habitation et de profession…).
Quel conseil donneriez-vous à la Zoé qui a ouvert les Petites Cantines d’Oullins il y a un an ?
Je lui dirais “ne te prends pas la tête, fais confiance à ce projet”. Le projet des Petites Cantines se construit pour les autres et par les autres. Le fait d’endosser un maximum de responsabilités et de tâches soi-même n’est pas toujours la bonne solution. Il faut aussi apprendre à lâcher prise. C’est assez particulier d’être responsable d’un projet collectif mais une fois qu’on a compris tout cela, on gagne énormément de temps !
Rejoignez les convives des Petites Cantines : https://www.lespetitescantines.org/ !
Pour rencontrer Zoé à la cantine d’Oullins : https://oullins.lespetitescantines.org/.
